gislation, bonne à beaucoup d’égards, garde toutefois un défaut grave.
Avant 1762 le soldat français désertait beaucoup ; l’ordonnance de 1762, en rendant la discipline plus sévère, a augmenté encore le dégoût du service déjà très-grand. La désertion est une maladie épidémique dont on ne peut se garantir qu’en en détruisant la cause. Le Français déserte plus qu’aucun autre soldat de l’univers. La peine de mort est la seule punition infligée sans distinction à tous les modes de désertion, compliqués ou non. Il y a cependant deux classes de déserteurs. L’inquiète susceptibilité, la légèreté, l’insouciance, l’esprit de libertinage, l’excès de la débauche, la séduction forment la première et heureusement la plus nombreuse classe de désertion. La seconde est composée de scélérats qui ajoutent au crime de la désertion celui du vol, du meurtre et de la trahison en passant à l’étranger. Ceux de la première passent par les armes ; ceux de la seconde sont pendus. On peut ajouter à ces causes de désertion le peu de choix dans les recrues et le peu de précaution contre cette espèce d’escrocs appelés dans les régiments bellardeurs, dont le mérite est en proportion des vols qu’ils ont commis. Cinq à six mille hommes, année commune, devraient être exécutés comme déserteurs, soit à l’intérieur, soit à l’étranger, si la fuite, les lettres de grâce ou d’impunité, les amnisties, ne modifiaient ce chiffre effrayant.
Il faut rectifier ces erreurs de la jurisprudence criminelle. La peine de mort n’est point nécessaire en France. Elle ne donne que des exemples d’un effet momentané, elle frustre lasociélé des services qu’elle aurait reçus en