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tonnait pas ; rien ne lui paraissait plus simple qu’un miracle en faveur de la bonne cause. Il en vint insensiblement, bien qu’il fût exempt de toute infatuation, à sentir en lui une vocation divine. Lui aussi, il entendit ses voix, il eut ses conversations intérieures avec la Vierge et les saints. Il se crut appelé à sauver son roi et son peuple, et se tint prêt au martyre.

Je n’ai vu le prince de Polignac, dans cette unique circonstance dont j’ai parlé, que pendant deux heures à peine, mais il m’a laissé un souvenir plein de respect. Dès l’abord on sentait en lui quelque chose de simple, de vrai, de bon ; quelque chose aussi de fixe, d’inébranlable et d’impénétrable. Plus tard, quand je rencontrai son fils, celui-là même qu’il avait envoyé, disait-il gaiement, en tournée électorale, la révolution qu’il avait déchaînée avait fait son œuvre.