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teau de Croissy, bâti par Golbert, non loin des bords de la Marne, au milieu des riches campagnes de la Brie, récemment acheté par elle, en vue du voisinage de la ville. La princesse ne quittait plus guère Paris, son hôtel de la rue de Bourbon[1], son jardin en terrasse sur le quai. Dans sa bibliothèque en bois de citronnier, qu’on célébrait comme une merveille d’élégance et où elle recevait la cour et la ville, de son fauteuil en damas vert, d’où elle ne bougeait qu’à grand’peine, elle animait de sa verve intarissable, de ses piquantes sorties, de ses sarcasmes, un cercle perpétuellement renouvelé des personnes les plus marquantes de son parti. On y voyait tous les hommes de quelque valeur ou de quelque renom dans l’Église ou dans l’État, qui faisaient opposition au libéralisme : le cardinal de La Fare, M. de Bonald, M. l’abbé de Genoude, M. de Maistre, Mathieu de Montmorency, ou tout simplement Mathieu ; le chancelier Dambray ; les Polignac ; les députés Labourdonnaye, Delalot, de Castelbajac, de Neuville, de Marcellus, toute la droite passionnée ; quelques hommes de moindre condition, mais utiles : l’avocat Piet, M. Ferrand, M. de Lourdoueix, etc.

Dédaigneuse des choses nouvelles, elle qui possé-

  1. À cette heure, rue de Lille. L’hôtel de la princesse de la Trémoïlle, très-rapproché du palais législatif, a disparu dans les nouveaux alignements.