Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




XVI


Mon chagrin. — Comment on essaie de me distraire. — Le chapeau de paille d’Italie. — Les mosaïques de Rome. — Le bois de Boulogne d’autrefois et d’aujourd’hui. — Le roman anglais. 



Le vide que fit dans mon existence l’absence du comte de Lagarde, le chagrin que je ressentis à l’annonce de son mariage, les projets insensés que je formai pour rompre une union dont je ne pouvais supporter l’idée, causèrent au dedans de moi de grands ravages. Par un mélange de fierté et de timidité qui m’a privée dans mes plus violents chagrins du soulagement que les âmes tendres trouvent à s’épancher, je n’ouvris mon cœur à personne, ni à ma mère, ni à mon frère, ni à mes jeunes amies[1]. En revanche, je

  1. Que de fois ne me suis-je pas appliqué dans mes chagrins silencieux ce mot du poëte : « J’ai un ami, mais ma peine n’a pas d’ami. »