Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moyen de se recueillir, pas même au confessionnal, où toute réflexion, toute aspiration propre, si elle venait à naître, serait aussitôt réprimée par l’homme de Dieu. Pour le prêtre catholique, le mariage n’étant autre chose, selon la définition du catéchisme, qu’un sacrement destiné à donner des enfants « à l’église », l’amour n’étant qu’une « œuvre de chair », la personne du mari, cela se conçoit, n’est que de bien peu d’importance. On ne s’informe pas au confessionnal si le fiancé est aimable ; chose bizarre ! on s’inquiète même assez peu de ses croyances ou de ses mœurs. Il est désiré des parents, cela suffit. S’il est bon catholique, tant mieux ; s’il ne l’est, — « Clotilde a converti Clovis, » et tout est dit. Ce qui a droit de surprendre aussi dans les unions françaises, c’est le peu de souci qu’y prennent les familles, au point de vue de la race, de la pureté constitutive du sang auquel on s’allie. On prend à ce sujet des informations très-sommaires. Les médecins sont rarement ou très-légèrement consultés. « Il faut que jeunesse se passe », « on se range en se mariant », ce sont les réponses viriles aux scrupules qu’é- lève parfois la mère touchant ce qu’on appelle volontiers les fredaines du gendre qu’on lui propose. Que ces fredaines aient à jamais vicié son sang, flétri sa jeunesse, on le verra bien assez tût. Il n’est pas temps d’en parler. L’essentiel, c’est qu’au plus vite on s’assure par contrat et par sacrement