Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




XIII


Mes seize ans. — Oppositions entre ma mère et moi. — Les lois du sang. — Ma dévotion. — M. Coëssin et sa secte. — L’abbé Gallard et les puits d’amour. — Mes romans évanouis.



Les cinq années qui vont s’écouler entre le jour où je sortis du couvent et le jour de mon mariage furent, sous les dehors les plus riants de plaisirs et de liberté, pleins d’ennui et de mélancolie.

À considérer ce qu’il y avait en moi et autour de moi de préparation à la vie heureuse, je devais paraître à tous les yeux la personne la plus enviable du monde. J’étais en toute première fleur de jeunesse et de beauté : j’avais seize ans. Grande, svelte, élancée, avec une noblesse naturelle dans tous mes mouvements, un teint d’un éclat de neige[1], de grands yeux

  1. Cet éclat s’est gardé très-tard. À vingt années de distance