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gnorances. J’avais bien mieux mérité le prix de sagesse, — c’étaient les deux prix d’honneur, — car je n’avais pas cessé, durant toute l’année, de donner l’exemple de l’application, de la soumission, de toutes les vertus par excellence des pensionnaires. Mais, pour obtenir cette récompense, il ne suffisait pas de l’avoir méritée ; il aurait fallu être Enfant de Marie. On sait pourquoi je n’avais pas voulu l’être. Je portai sans murmurer, et cela m’est arrivé plus d’une fois dans ma vie, la peine de ma doctrine. — Puisque j’ai parlé de ma science, je m’arrêterai un moment à considérer en quoi elle consistait et quelle était alors l’instruction des jeunes filles de la meilleure noblesse dans la maison d’éducation la plus renommée de France.

Dans la distribution du temps consacré aux études, la plus notable part revenait aux talents dits d’agrément. Il était entendu qu’une demoiselle bien élevée, lorsqu’elle entrait dans le monde, devait avoir appris avec ou sans goût, avec ou sans dispositions naturelles, la danse, le dessin, la musique, et cela dans la prévision d’un mari qui, peut-être, il est vrai, n’aimerait ni les arts ni les bals, et qui, au lendemain du mariage ferait fermer le piano, jeter là les crayons, finir les danses, mais qui, possiblement aussi, en serait amateur.

Le mari, le mari conjectural, et de qui on ne saurait, grâce aux coutumes françaises, se former aucune opi-