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étaient très-fines. Le père Varin était très-expérimenté. Après quelques vaines insinuations pour me faire adopter le scapulaire et pour me faire entrer dans les voies obliques de la dévotion équivoque au Sacré-Cœur, on sentit qu’on n’y devait pas insister. On me laissa, non sans regret, je crois, à l’indépendance de ma dévotion et je n’entendais plus parler de rien, quand, à propos de ma nouvelle amie, la supérieure crut pouvoir risquer encore une tentative, mais qui ne devait pas avoir meilleure issue.

Au bout de quelques moments d’entretien, madame Barat vit, à sa grande surprise, que mon amitié pour Fanny ne m’inspirait pas le moindre zèle pour sa conversion. Elle devina même peut-être, dès lors, une faculté singulière qui devait se développer en moi et qui a donné occasion plus tard à beaucoup de gens de me méconnaître : un penchant à ne rien examiner, à ne rien voir de défavorable chez quiconque possède à mes yeux ce qu’on appellerait aujourd’hui une qualité maîtresse, un don, une grâce, un charme réel ; la puissance de m’altacher à ce don unique, et de braver, dans ma prédilection, les plus équitables jugements de l’opinion; une adoration instinctive enfin, germanique ou païenne, je ne sais, mais peu française, peu chrétienne, à coup sûr, un culte véritable de la beauté.

Fanny de la Rochefoucauld (plus tard comtesse de