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les abstinences ne furent pas non plus discutées ; et de la sorte, sauvegardée contre la rigidité de la vie monastique, le 28 du mois d’avril de l’année 1821, moi qui avais vu de prés déjà Satan, ses pompes et ses œuvres, je franchis, docile et résignée, sans retourner la tête, le seuil de la maison du Seigneur.

Il faut dire que cette maison, comme le monde d’où l’on me retirait brusquement, avait un air de grandeur.

J’ignore si les changements projetés dans les alignements du faubourg Saint-Germain doivent le faire disparaître, mais à l’heure où j’écris[1], l’hôtel Biron est debout encore dans toute sa fierté et tel qu’il s’élevait, un siècle auparavant, sur le plan majestueux de l’architecte Gabriel. Entre sa cour d’honneur et ses jardins célébrés jadis comme une des merveilles de Paris, et qui s’étendent le long du boulevard des Invalides, sur le vaste espace compris entre la rue de Varennes et la rue de Babylone, à l’ombre de s«s quinconces de tilleuls et de marronniers, entourée de ses dépendances seigneuriales, avec son haut perron et ses abords imposants, la demeure du maréchal Biron « qui poussait la galanterie à son der- nier période[2] », devenue l’asile des dames du Sacré-Cœur de Jésus et du Sacré-Cœur de Marie, garde

  1. 28 juin 1866.
  2. Du Coudray.