Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’auteur de René, du moins en partie, et qu’il avait dit, — se souvenait-il de l’auteur ? — « J’aime ce talent singulier. » Ces quelques paroles, rapportées par un ami, me donnèrent une joie extrême. Je ne crois pas qu’aucun succès m’ait jamais trouvée plus sensible.

— Je ne quitterai pas ma ville natale, je ne quitterai pas ces bords du Mein où j’ai vu le jour, sans leur donner encore un regard. Je m’en éloigne en ce moment pour ne les plus revoir que vingt ans plus tard et dans des circonstances entièrement changées[1]. Jl faut me pardonner si je m’y arrête quelque peu, et si je me complais à les décrire tels qu’ils apparaissent dans les frais souvenirs de mon adolescence.

La ville de Francfort[2] est une des mieux situées que je connaisse, et des plus intéressantes par ses contrastes. Elle est assise sur les deux rives du Mein, dans une large vallée que borne à l’horizon la chaîne du Taunus, au milieu de prairies, de vergers, de champs fertiles, où l’air pur des cimes boisées entretient une fraîcheur délicieuse.

L’empire de Charlemague et le moyen âge ont

  1. Les circonstances étaient alors changées pour moi seule. Elles le sont à cette heure aussi pour la vieille cité impériale arrachée violemment à son existence indépendante et historique. (1869).
  2. Aux temps anciens Hélénopolis, s’il faut s’en rapporter à Henri Estienne. Appendice J.