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tôt que je reportais sur moi ma pensée, des incertitudes sans fin. Je découvrais, comme il arrive, des différences de condition et de situation qui mettaient des différences sensibles dans la morale. J’étais femme, et, comme telle, non obligée aux sincérités viriles. Ma naissance et mon sexe ne m’ayant point appelée à jouer un rôle actif dans la politique, je n’avais aucun compte à rendre à mes concitoyens, et je pouvais garder pour moi seule le douloureux secret de mes luttes intérieures. Je Je devais, peut-être, parcrainte d’offenser, en étant véridique, ce don de miséricordieux oubli naturel au cœur féminin, et qui semble, bien mieux que la sévère équité, convenir à sa douceur et à sa tendresse. En d’autres moments la voix qui parlait à ma conscience changeait d’accent. Elle trouvait dans mon sexe même une raison décisive de parler.

Lorsqu’une femme s’est fait à elle-même sa vie, pensais-je alors, et que cette vie ne s’est pas gouvernée suivant la règle commune, elle en devient responsable, plus responsable qu’un homme, aux yeux de tous. Quand cette femme, par l’effet