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que ma grand’mère avait gardé l’esprit du xviiie siècle. Ce n’était pas toutefois sans quelques légères altérations. Les temps avaient changé, et, avec eux, le maintien des gens comme il faut. La Restauration, les princes, la duchesse d’Angoulême surtout, imposaient à la noblesse un langage beaucoup moins libre que celui que se permettaient ses ancêtres. On allait à la messe le dimanche ; — à la messe basse, à Paris, où l’on était moins en vue ; à la grand’messe, pendant la saison d’été, pour donner, disait-on, le bon exemple au village, et pour faire plaisir au curé ; — à confesse une fois l’an, selon le commandement de l’Église, pour les Pâques ; rien de plus, rien de moins. À ce propos, j’entendis un jour ma grand’mère demander à mon frère — c’était aux environs de la semaine sainte — s’il n’irait pas aire une visite au bon Dieu. Ce mot rend exactement l’idée de politesse que l’on attachait alors au culte. À son lit de mort, ma grand’mère ne voyait pas les choses d’un autre œil. Impatientée des lenteurs du prêtre qui lui administrait l’extrême onction : « Je ne savais pas que ce fût si long, » lui dit-elle sans aucune émotion, et comme si elle eût été à sa toilette. — On conçoit que, sous ses auspices, la préparation à la première communion fut quelque chose comme les apprêts d’une présentation à la cour, une bienséance des gens comme il faut. La preuve c’est que ma grand’ mère entra en colère lors-