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VI


PROMÉTHÉE


SONNET


A mon amie madame Louise Ackermann.


Du Titan révolté les blasphèmes tragiques,
Chantés de siècle en siècle et d’Eschyle à Byron,
Sur la corde d’airain, dans les rythmes antiques,
Ont consterné notre âme et pâli notre front.

Mais toi, Muse nouvelle, en tes libres cantiques,
De Jupiter déchu dis-nous le juste affront,
Et le bras désarmé de ses foudres iniques,
Et le temple en ruine où les herbes croîtront.

Du vengeur des mortels couronne l’heureux crime ;
De son flambeau ravi sur la céleste cime
Éclaire le banquet des hommes et des dieux ;

Trompe l’affreux vautour, arrache-lui sa proie ;
Autour du roc désert, teint d’un sang généreux,
Fais errer son vol sombre, éperdu, qui tournoie !