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LE TÉMOIN

nous avons mal, insuffisamment parlé de la paix. Après tout, les peuples ont ce qu’ils méritent : si l’opinion avait été franchement pacifique en Europe, le jeu dangereux des menaces et de l’intimidation eût été impossible dans les salons des ambassades et des Secrétaires d’État. Un des plus intelligents et des plus pondérés ennemis de la guerre, M. Norman Angell, nous disait récemment : « This result cannot be achieved by any purely mechanical means. It involves what all human progress involves: a correction of idea. It must be approached through the mind. » Car en définitive, « ce qui fait le canon, c’est l’homme qui est derrière lui »[1] et la pensée qui est derrière l’homme et le canon.

Il n’appartient pas aux femmes de rechercher les voies et les moyens, mais ce qui est leur est de constater que nul, en somme, ne les cherche, que les hommes ne veulent pas la paix. Elles sentent que là seulement est l’obstacle : ce n’est pas qu’ils ne le puissent, mais ils ne le veulent pas. Soit, laissons-les doser savamment leur trêve, compter les heures à l’armistice, retrouver tous les cinquante ans, leur obéissance de pédants à « la loi de l’histoire ». Mais si, comme autrefois Madame Elisabeth au Temple, la femme dit encore : « Je veux tout, j’accepte tout, je fais un sacrifice de tout », il y a une clause implacable à son acte de soumission : c’est qu’elle le fait pour la dernière fois. De tous ses souvenirs et de tous ses deuils, de toutes les horreurs dont elle reste à jamais le témoin convulsé, elle a le droit de

  1. Bernard Shaw.