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THE BOOK OF FRANCE

J’ai crié : Lève-toi ! à des têtes penchées,
Et ma voix réveillait les morts dans les tranchées.
J’ai noué sur mon cœur frémissant et muet
Une chaîne d’acier que le soupir rompait.
J’ai tenu dans ma main une moisson de lances
Et manié un fer plus dur : la patience.
J’ai bu mon sang. J’ai pris, il le fallait aussi,
De l’ennemi blessé un fraternel souci.
Oui, j’ai fait les travaux d’Alexandre et d’Hercule.
Le soir, quand le coteau bleuit au crépuscule,
Je me suis souvenu des doux mots que disait
Jésus parmi les lys, car il parle aux Français.
Ô toi, qui n’as pas pu mourir dans cette gloire,
Apaise-toi. Je suis un ange dans l’Histoire,
L’Histoire, que tout être implore les doigts joints,
Mais je commande encor, chère âme, et je t’enjoins
De poser doucement ton front dans ma blessure.
Je n’étais pas cruel quand je tuais. Mesure,
Dans ce cœur entr’ouvert d’où s’épanche le sang,
Combien la haine est faible et l’amour est puissant.
Nous fûmes les soldats de l’amour, ceux qui disent :
“Nous faisons l’avenir, et nos terres promises, —
La liberté, l’espoir, l’orgueil loyal et droit, —
Nous ne permettrons pas, barbares, que vos rois
En fassent un désert où de serviles hordes
Enchaîneraient la Paix et la Miséricorde !
Nous gravissons les monts. Honte à celui qui met
Un obstacle à l’attrait sublime des sommets
D’où le cœur s’apparente à la nue infinie…” »

Si vous parlez ainsi près de mon agonie,