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trouverait rarement cinq cents pas de niveau. De loin on dirait que les terres sont nues. Les vignes qui couvrent ici tout ce qui n’est pas bois de pins, sont étendues sur de longues lignes de treilles en ligne droite, à peine élevées d’un pied au-dessus du sol. Le sol est divisé en une infinité de petites élévations de la forme d’un A majuscule, la partie la plus élevée est occupée par les lignes de ceps.

La treille est soutenue par des piquets verticaux de dix-huit pouces dont six cachés en terre. La ligne horizontale est formée par de jeunes pins gros comme le pouce. On les sème épais comme du chanvre et on en arrache la moitié, quand ils sont arrivés à dix ou douze pieds de hauteur.

Je trouve d’abord dans ce pays assez désert quelques grands arbres autour d’une sorte de château qui a une tour. Quelque temps après, j’arrive à un bâtiment singulier qui n’a qu’un rez-de-chaussé. « Ce sont des écuries appartenant à un riche propriétaire dont le château est à un quart de lieue de la route », me dit le postillon. Je crois plutôt que c’est un chai : c’est le nom qu’on donne en ce pays aux celliers ou fabriques de vin. Ce bâtiment, fort élégant, d’une brillante couleur jaune clair, n’est, à la vérité, d’aucun style ; cela n’est ni grec, ni gothique, cela est fort gai et serait