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Sur chaque tombe il y a un petit jardin élevé de dix-huit pouces, long de cinq pieds et large d’un. Je compte onze plantés d’œillets et un de pensées, celles-ci en fleurs, sur la tombe devant laquelle j’écris.

Sur l’humble tombe, voisine du tombeau de Mme la maréchale Moreau, toutes les fleurs sont épanouies et l’air est embaumé à l’entour.

Joli et très joli petit temple grec avec quatre colonnes élevé par M. Marmiché à l’amitié conjugale. Malheureusement la sculpture qui accompagne ce temple est détestable, surtout dans les parties nues. Il n’y a peut-être rien d’aussi bon goût que ce temple au Père La Chaise.

Pour la première fois de cette année je vois la verdure des saules pleureurs faire masse.

Les inscriptions de la nécropole de Bordeaux infiniment moins ridicules que celles du Père La Chaise. Cela tient à la formule généralement adoptée : Tombeau ou Sépulture de la famille telle. Je remarque le tombeau de M. de Haumont, né à la Martinique le 31 février 1795. Beaucoup de tombeaux espagnols. Tombeau assez orné d’un brave soldat de l’armée d’Italie de 1796. La prairie à gauche de la nécropole est inondée de ce matin, me disant les effets des abominables pluies qui nous tour-