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un peu lourd et, au total, vu la situation du pays, à 500 lieues de l’Italie, pas mal. Hé bien ! on l’a niché dans la plus triste rue de Valence, et c’est dire beaucoup, où, sans doute, le terrain a eu le mérite de coûter fort cher. Il eût paru si simple à un magistrat allemand de placer cet édifice dans un champ, sur le chemin du pont, à cent pas du mur de la ville qui est ouvert de tous côtés, à côté des auberges, des cafés fréquentés, de la vie actuelle de la ville. Cet édifice eût été aperçu d’un peu tous les bateaux à vapeur descendant le Rhône et eût fait honneur à la ville. Ce qui est plus sérieux, on y eût respiré un bon air. J’y voyais plaider une cause, il y a un quart d’heure ; l’air méphitique m’en a chassé. Des juges qui passent leur vie dans cet air malsain n’ont jamais lu un dictionnaire de chimie à l’article ventilateur. Et il s’agit d’un bâtiment neuf qui n’est pas achevé[1]. De plus, pour arriver à leur siège, il leur faut traverser la foule et j’ai eu l’honneur d’être coudoyé d’autorité par un Monsieur, vêtu de noir et à l’air suffisant qui gagnait sa place. Il était si simple d’imiter, sans luxe, les cours de justice d’Angleterre ; mais ces

  1. À ajouter au palais de justice de Valence. « Conçoit-on qu’on n’avait pas l’idée d’élever de trois pieds le fond d’une salle qui est destinée à faire voir ce que font les juges. »