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Valence.

Arrivé le 1er juin 1838 à 1 heure du matin.

Valence est fort vilain et surtout pavé d’exécrables petits cailloux pointus et non garnis avec du sable, qui font de la marche une sérieuse affaire et à laquelle il faut donner toute son attention.

Par bonheur, on a laissé un intervalle entre les faubourgs et la ville. On pourrait planter là huit rangs de platanes comme on l’a fait à Marseille, mais en France les grandes villes sont en avance d’un siècle ou deux sur les petites. Je suis convaincu que MM. les échevins de Valence trouvent beaucoup plus beau que du débouché du faubourg Saunière (le faubourg d’Avignon) au Rhône et au pont en fil de fer, il n’y ait pas un arbre. Le Français de l’ancienne roche, le Français dont cette littérature peint le caractère, n’a aucun goût pour les beautés naturelles, au contraire de l’Anglais dont c’est peut-être le seul goût réel, après l’instinct de lutter contre un obstacle et de songer à son rang.

Tout ce qu’on fait à Valence en fait d’architecture publique est donc à peu près absurde. On finit en ce moment un palais de justice assez raisonnable, quoique