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Nous disons : le général de Bône. Si l’un de ces Messieurs avait gagné une bataille, son nom nous resterait dans la mémoire ; mais, après six mois, ils tombent malades ou indisposés et disparaissent, etc…, etc… »

Il fallait dire quelque chose dans ce genre. L’officier de marine, un peu refroidi par cette profonde pitié que son erreur avait causée aux officiers de Paris, ne leur a plus donné de renseignements.

Ces jeunes officiers, fort braves et ne respirant que bataille, ont fort grand peur de la fièvre. Tel camp mal choisi a servi de cimetière aux deux tiers du régiment qu’on y avait campé et dont je ne donne pas le numéro. Un emplacement parfaitement sain et militairement aussi bon était à dix minutes du camp funeste où la bêtise du général a coûté 800 hommes. Hé bien ! ces brillants officiers dont la tenue avait une simplicité admirable, n’ont pas cette idée si simple : Quand on se met sous le vent du désert et au nord d’un marais sur lequel il passe, fût-on sur une montagne, on est empoisonné. Souvent la fièvre ne paraît qu’après vingt jours. On peut l’avoir à cent lieues du lieu de l’empoisonnement. La saignée est mortelle. Nous autres qui avons habité les pays chauds, nous savons cela. Le petit officier de marine à la tournure subalterne