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envoya à un ami de Pétersbourg[1]

Si Alger n’est pas abandonné, si Marseille continue (la douane, le mois passé, a produit deux millions deux cent mille francs), d’ici à dix ans elle aura deux cent mille habitants. Déjà il est question de faire une rue qui, de l’obélisque au bout de la rue de Rome, irait à la mer. En s’étendant vers la montagne dans la direction de la Cannebière et des allées de Meilhan, déjà Marseille arrive à Saint-Just. Les appartements sont horriblement chers et, par suite, Marseille a des omnibus qui vont à tous les villages environnants, futurs faubourgs, et tous font fort bien leurs affaires. Il est vrai que les chevaux et leur nourriture ne coûtent rien.

Un négociant à qui Alger a valu cent mille francs à ma connaissance, habite Saint-Loup, joli village sur la route de Toulon. Chaque matin, pour dix sous l’omnibus l’amène à Marseille, et chaque soir, pour dix sous, il revient chez lui, quand l’amour du cercle et du jeu ne le retient pas jusqu’à minuit ; alors un cabriolet, qu’il avertit, le ramène pour trois francs.

Je l’ai vu un de ces soirs à une soirée fort aimable et fort bien composée en

  1. Ici l’anecdote si déjà elle n’est pas dans les deux premiers volumes.