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du cours au port que l’on aperçoit de là dans toute sa largeur. Toutes les rues, au levant et au midi de la Cannebière, sont tirées au cordeau et admirables avec des trottoirs des deux côtés, etc… La vieille ville est au nord et au couchant de la Cannebière ; mais un homme comme il faut ne va jamais dans la vieille ville ; seulement, on y a un appartement, quand on a l’honneur d’être amoureux. C’est une faiblesse bien rare, je crois, à Marseille. Les dames de la société ne s’y font pas enlever comme à Bordeaux pour venir habiter au 5e étage à Paris.

À Marseille, on n’a d’amour que pour des personnes assez difficiles à nommer dans un livre, je dirai : que pour des grisettes.

Un de mes amis me racontait en dînant que, l’an passé, il fit la partie d’aller à Paris pour y trouver des plaisirs parfaits et y passer six mois qui devaient marquer dans sa vie ; il avait dix mille francs. — « Je m’y suis ennuyé, à votre Paris, et je préfère mille fois ma bastide où je chasse le dimanche matin, à tous les bosquets de Sceaux et de Verrières », et il a continué la liste de ses préférences. Notez que dans cette bastide, il n’y a sûrement pas quatre arbres verts. L’arbre le plus rabougri et le plus malheureux des boulevards ferait l’admiration publique dans