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en même temps, on a de l’obscurité. C’est, comme on le voit, tout ce qu’il est possible de souhaiter. Aussi l’on habite beaucoup le rez-de-chaussée ; les fenêtres ont des grilles qui font ventre sur la rue et permettent de s’y placer. En un mot, la vie matérielle, quant à la position du corps, est absolument l’opposée de celle de Paris. Les hommes passent leur vie dans les cercles et beaucoup de ces cercles ont des jardins.

Si le lecteur est à Marseille, il trouvera que je ne dis pas assez de bien de ce climat et de cette position physique de la vie ; mais si le vent du nord-ouest (mistral) s’élève, il maudira Marseille et ne songera qu’à le quitter. En ce cas, on se lave les mains et la figure avec de l’huile d’amandes douces.

Marseille, 9 mai. La Tourelle et la Major.

Si j’habitais Marseille, je braverais la mode qui, dans ce pays du naturel, n’a pas grand empire, je pense, et j’irais me loger à la Tourette. C’est une terrasse magnifique, élevée de cent pieds au-dessus de la mer ; et l’on n’en est séparé que par un précipice naturel : aucun établissement industriel, aucune idée d’utilité, rien de