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rappellent celles de Londres. Elles sont petites, en joli bois ciré, garnies de serrures et de petits marteaux de laiton bien propres, élevées de deux marches sur le trottoir, lequel est séparé de la rue par un petit ruisseau d’eau claire, coulant fort vite, car toutes les rues sont en pente. Il est bien entendu que je ne parle que de la nouvelle ville ; je l’ai déjà dit, on ne va dans l’ancienne que pour se cacher.

Si Bordeaux est la plus belle ville de France, Marseille est la plus jolie. Elle doit cette qualité à certaines allées de platanes, plantées au fond d’une vallée fort évasée qui se trouve au centre de la ville et qui monte doucement. C’est la continuation du port, et, en goûtant le frais et l’ombre sous des platanes de 60 pieds de haut et de deux pieds de corps, on aperçoit des mâts de vaisseaux et les courtines du fort Saint-Nicolas. J’avoue que, quand il fait un beau soleil, il n’y a rien de comparable aux allées de Meilhan. Le haut des allées est formé par quatre rangs de vieux ormeaux de toute hauteur. Les passages pavés sont là le long des maisons. De ce point, partent des allées de platanes qui vont dans la campagne vers Saint-Just et la Madeleine et que la chaleur m’a empêché de pousser à bout.