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Montpellier[1].

Le…[2] à minuit, je suis arrivé à Montpellier, bien fatigué. Je m’ennuyais depuis le départ de Mèze, à huit heures du soir. Pourtant le temps était superbe et une lune magnifique éclairait le paysage. Autrefois dès que j’étais seul, je rêvais à des aventures d’amour tendres et romanesques plutôt que flatteuses pour l’amour-propre. Depuis, je suis devenu moins sot ; j’ai appris ce que vous savez, — mais je l’ai appris lentement, — qu’il faut surtout intéresser l’amour-propre et, avant tout, cacher, comme le plus funeste des désavantages, la passion que l’on pourrait sentir. Si l’on est tellement sûr de vous, on ne songera plus à ce qui peut vous rendre aimable.

Cette belle science m’a rendu peut-être moins gauche dans l’occasion, quoique

  1. Dates exactes. Parti de Narbonne à 11 h. ½ avec un voyageur, monsieur grand, que je ne daigne pas regarder et que je prends pour un Anglais. C’est un vieux Français timide et enfant gâté, sans doute, qui se fâche pour faire montre de caractère. — Parti de Béziers à 3 heures ; à Pezenas vers 6 heures. Nous y arrivons au grand galop à cause de la concurrence. Arrivé à Mèze à travers le… * à 7 heures. Dîner de sauvages ; commis-voyageurs qui trouvent leur dignité offensée : ton terrible de ces messieurs. Arrivé à Montpellier le dimanche soir comme minuit sonne. Chambre infâme au Cheval Blanc (Grande-Rue).
    * Un mot Illisible : lavis ou gave. N. D. L. E.
  2. En blanc dans le manuscrit. N. D. L. E.