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aucun itinéraire et avant d’aller voir mes correspondants. C’est à cette habitude que je dois l’extrême surprise que m’a causée le vieux Carcassonne quand, sortant par hasard par une porte, de nouveau je l’ai aperçu sur un monticule solitaire au delà de l’Aude.

La surprise est allée jusqu’au vif plaisir quand, errant au hasard dans cette ville du xve siècle, j’ai demandé l’iglesia et qu’une jeune femme aux beaux yeux m’y a conduit. Jamais peut-être je n’ai mieux senti l’élégance charmante du gothique. Le chœur de Saint-Nazaire (c’est le nom de cette église, comme je l’ai appris d’un prêtre de Saint-Vincent une heure plus tard), l’intérieur de ce chœur, dis-je, est du plus élégant gothique qui est relevé par le fond roman de la nef.

Ce récit eût été pénétrant si je l’eusse fait à Saint-Nazaire ; mais je suis harassé, épuisé, trempé de sueur et il fait froid.


Narbonne, dimanche [29] avril.

Arrivé à 11 h. et demie de Carcassonne et en 5 h. et demie (7 fr. Coupé).

Ville aussi gaie que Carcassonne est triste, mais c’est la patrie du vent. Je viens d’être obligé de renoncer à passer par