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nouvelle Carcassonne que l’Aude ne passe pas au milieu.

Du reste, toutes ses rues sont en ligne droite et donnent par les deux bouts sur un joli boulevard, souvent formé par de beaux platanes de 50 pieds de haut. Ces rues étroites sont pavées en pierres pointues, mais, au milieu, coule rapidement comme à Tarbes, un petit ruisseau d’eau fort vive. La place, garnie de magnifiques platanes, doit être charmante en été ; tout y doit être à l’ombre. Au milieu, fort jolie fontaine sculptée, où il ne manque que de l’eau. Le Neptune, tenant un poisson plus gros que lui dont la queue lui sert d’appui, a l’air d’un danseur, mais les nymphes, sculptées en haut relief sur son piédestal, font un effet charmant au milieu de ces magnifiques platanes que je me figure fouillés. Les têtes de ces nymphes sont fort mal, mais les corps sont fort bien. Ce n’est point de la sculpture raide et digne, comme le Louis XIV de la place des Victoires.

Mais il faut revenir à cette admirable ville vieille de Carcassonne, bien autrement intéressante que la nouvelle. Le voyageur qui veut se faire une idée des villes de France au xve siècle en a ici une excellente occasion.

Je vois toujours les villes avant de lire