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dépopulation ; rues larges de huit pieds ; maisons toutes petites, vestiges de gothique ; surtout absence de tout ce qui montre la civilisation ; au lieu de vitres, du papier huilé à beaucoup de fenêtres. Enfin cette idée me vient que je suis au milieu d’une ville du xve siècle.

Cette idée me semble juste. Tout ce qu’on a fait de bien depuis l’an 1500, on l’a fait au nouveau Carcassonne, que je vois là-bas à un quart de lieue d’ici.

À neuf heures et demie du soir j’arrive à Carcassonne ; pluie et vent furieux. J’ai passé la journée sur le canal ; on voit le pays autant et mieux qu’en diligence. Je ne sais pourquoi je m’étais figuré le contraire. J’ai fait cette route en petite chaise et en bateau en 1828. M. Patin était sur le bateau.

Hors des murs de Carcassonne passe l’Aude, assez petite rivière qui a un pont de dix à douze arches. Au delà du pont, sur un monticule s’élève l’ancien Carcassonne. Quand la gentillesse du gouvernement féodal eut cessé de faire peur aux gens de Carcassonne, au lieu de choisir une place pour la nouvelle ville à côté de l’ancienne, ils sont allés l’établir à une portée de canon.

C’est, ce me semble, un mal pour la