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de faux toupets et de la nécessité de plaire aux dames.

La table d’hôte de Pau est bien au-dessus de ce ton-là ; excepté le fat sérieux qui se sert et le commis-voyageur qui, par souci de sa propre dignité, agit avec bruit, tous les autres sont bien.

La conversation roule sur une séance de la Société Philharmonique qui a eu lieu hier soir. Les malheureux en sont encore à chanter les airs de la Juive et à faire des doubles croches sur la chanterelle. C’est à 204 lieues de Paris, l’onde extrême du mouvement imprimé par la vanité qui, à Paris, fait courir les riches et les enrichis au théâtre de M. Robert.

Il paraît que le fat sérieux a des succès auprès des dames. Il désapprouve fort que l’on se permette de rire d’une dame étrangère qui pourrait être la mère de son adorateur et, craignant que ses charmes ne suffisent pas pour l’enivrer, ne le reçoit jamais qu’à la tête de deux bouteilles de vin de Champagne.

Un de ces Messieurs me dit qu’il est fâché de ne pas être membre du cercle, qu’autrement il m’y présenterait. Je vais au triste café ; il n’a ni journaux, ni pratiques. Le cercle absorbe tout. Mais le pauvre cafetier est fort poli et me donne du café fort passable ; il a la complaisance de faire