Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donne ma chambre, fait l’effet d’une immense cascade.

La conversation de la table d’hôte de l’excellent hôtel de France à Pau, est infiniment moins plate que la conversation de la détestable gargote de Bayonne. D’abord le dîner de Pau est fort bien, celui de Bayonne exécrable ; à Bayonne le vin avait un tiers d’eau au moins ; ici, il est bon ; il fallait demander une assiette trois ou quatre fois, ici le valet est aux petits soins.

À Pau, il n’y a qu’un commis-voyageur qui coupe son pain avec assurance et se place sur sa chaise avec bruit et pour bien montrer qu’il se sait chez lui. Il y a trois hommes polis sur huit, un vieillard gai et qui met en train et soutient la conversation générale. Il n’y a qu’un fat sérieux, prétendant au bon ton, allongeant le bras et se servant des plats avant tout le monde. Chacun de ces caractères se dessine fort bien.

Pendant les dîners sans esprit de Bayonne, chacun était occupé des intérêts de sa vanité ; il y avait une sorte de fille à table qui racontait qu’on n’avait pas voulu la servir dans sa chambre. « Il est fort désagréable de dîner avec des messieurs, quand on est dame. » Les messieurs avaient cinquante ans pour la plupart et parlaient