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dant rappeler jamais en aucune façon les collines des Alpes.

Avant d’arriver à Saint-Jean-de-Luz, nous avions aperçu la montagne de Run ou de Rhune, la plus haute du pays basque, mais de gros nuages gris l’interceptaient à moitié. De Saint-Jean-de-Luz à Behobie les collines se changent en montagnes ; mais rien de grand. Comme je m’en plaignais, on m’indique une vallée par laquelle on aurait aperçu, s’il n’y avait pas eu de nuages, les montagnes couvertes de neige des Pyrénées, vers Saint-Jean-Pied-de-Port (pied de passage. Longtemps j’ai cru que le port Lapice, dans Don Quichotte, était un port de mer et ne concevais pas un port de mer dans la Manche ; je supposais le chevalier de la triste figure vers Algésiras).

À 11 heures et demie, je suis arrivé à une rue enterrée dans les collines et dont les maisons sont bien bâties. Il pleut ; je vois un pont de bois peint en rouge ; c’est le fameux pont de la Bidassoa. À la droite du Pont, je vois une île couverte de gazon qui sort à peine de deux pieds hors de l’eau ; c’est l’île des Faisans où Louis XIV vint se marier, me dit mon guide. Cette île qui est intacte n’a pas cent pieds de long et ne possède pas un arbre. Le chemin arrive par un demi-cercle au pont de bois de la