Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croit que nous tenons à la police, ou c’est un Werther, qui a choisi ce lieu célèbre pour finir son existence d’une manière piquante. — Pas du tout, lui répondis-je, c’est un jeune homme des plus communicatifs que nous ayons à rencontrer, et même très gai. »

Tous les Français arrivant en Italie tombent dans la même erreur. C’est que le caractère de ce peuple est souverainement mélancolique ; c’est le terrain dans lequel les passions germent le plus facilement : de tels hommes ne peuvent guère s’amuser que par les beaux-arts. C’est ainsi, je crois, que l’Italie a produit et ses grands artistes et leurs admirateurs, qui, en les aimant et payant leurs ouvrages, les font naître. Ce n’est pas que l’Italien ne soit susceptible de gaieté : mettez-le à la campagne, en partie de plaisir avec des femmes aimables, il aura une joie folle, son imagination sera d’une vivacité étonnante.

Je ne suis jamais tombé en Italie dans ces parties de plaisir, que le moindre désappointement de vanité nous fait trouver si tristes quelquefois dans les jolis parcs qui environnent Paris : un froid mortel vient tuer tous les amusements ; le maître de la maison est de mauvaise humeur parce que son cuisinier a manqué