LETTRE VII
’entrais une fois en Italie par le
Simplon ; j’avais avec moi quelqu’un
qui n’avait jamais fait ce
voyage, et passant à un quart de lieue des
îles Borromées, je fus bien aise de les lui
faire voir. Nous prîmes une barque, nous
courûmes les jardins de ce lieu magnifique
et cependant touchant. Nous revînmes
enfin à la petite auberge de l’Isola Bella :
nous vîmes qu’on mettait trois
couverts à une table, et un jeune Milanais,
dont l’extérieur annonçait beaucoup d’aisance,
vint s’asseoir à côté de nous, en
nous faisant quelques politesses. Il répondait
très-bien aux questions que je lui
adressais. Comme il était occupé à découper
une perdrix, mon ami tira une lettre
de sa poche, et, faisant semblant de lire,
il me dit en anglais : « Mais voyez donc
ce jeune homme ! sans doute il a commis
quelque crime dont l’idée le poursuit :
voyez les regards qu’il lance sur nous ; il