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enlèvent à vous-même : ils commencent ordinairement par un thème court, facile et très-clair ; peu à peu, et par un travail plein de génie, ce thème, répété par les divers instruments, acquiert un caractère mélangé d’héroïsme et de gaieté. Ces teintes de sérieux sont les grandes ombres de Rembrandt et du Guerchin, qui donnent tant d’effets aux parties éclairées de leurs tableaux.

L’auteur semble vous conduire au milieu d’abîmes ; mais un plaisir continu fait que vous le suivez dans sa marche singulière. Le caractère que je viens de décrire me semble commun aux presto et aux rondo.

Il y a plus de variété dans les andante et les adagio : le style grandiose y brille dans toute sa majesté.

Les phrases ou idées musicales ont de beaux et grands développements ; chaque membre en est clair et distinct ; le tout a de la saillie. C’est le style de Buffon quand il a beaucoup d’idées. Il faut, pour bien jouer les adagio de Haydn, plus d’énergie que de douceur. Ils ont plutôt les proportions d’une Junon que d’une Vénus. Plus graves que mignards, ils respirent la dignité tranquille, pleine de force et quelquefois un peu lourde des Allemands.

Dans les andante, cette dignité se laisse vaincre, de temps en temps, par une gaieté