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homme solide, savant et sentencieux. Il appuyait les discours du premier violon par des maximes laconiques, mais frappantes de vérité. Quant à l’alto, c’était une bonne femme un peu bavarde, qui ne disait pas grand’chose, et cependant voulait toujours se mêler à la conversation. Mais elle y portait de la grâce, et pendant qu’elle parlait, les autres interlocuteurs avaient le temps de respirer. On voyait cependant qu’elle avait un penchant secret pour le violoncelle, qu’elle préférait aux autres instruments.

Haydn, en cinquante années de travaux, a donné cinq cent vingt-sept compositions instrumentales, et il ne s’est jamais copié que quand il l’a bien voulu. Par exemple, l’air de l’agriculteur, dans l’oratorio des Quatre-Saisons, est un andante d’une de ses symphonies, dont il a fait un bel air de basse-taille, qui, il est vrai, languit un peu vers la fin.

Vous sentez, mon ami, que la plupart des observations que j’aurais à vous faire ici exigent un piano-forte, et non pas une plume. À quatre cents lieues de vous et de notre aimable France, ce n’est que de la partie poétique du style de Haydn que je puis vous parler.

Les allegro de ses symphonies, pour la plupart très-vifs et pleins de force, vous