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Ce qu’on préfère dans toute cette musique, ce sont les quatuors et les symphonies à grand orchestre. Haydn a fait quatre-vingt-deux quatuors et cent quatre-vingts symphonies. Les dix-neuf premiers quatuors passent auprès des amateurs pour de simples divertissements. L’originalité et le grandiose du style ne s’y déploient encore que faiblement. Mais, en revanche, chacun des quatuors, depuis celui qui porte le n° 20 jusqu’au n° 82, aurait suffi pour faire la réputation de son auteur.

On sait que les quatuors sont joués par quatre instruments, un premier violon, un deuxième violon, un alto et un violoncelle. Une femme d’esprit disait qu’en entendant les quatuors de Haydn elle croyait assister à la conversation de quatre personnes aimables. Elle trouvait que le premier violon avait l’air d’un homme de beaucoup d’esprit, de moyen âge, beau parleur, qui soutenait la conversation dont il donnait le sujet. Dans le second violon, elle reconnaissait un ami du premier, qui cherchait par tous les moyens possibles à le faire briller, s’occupait très-rarement de soi, et soutenait la conversation plutôt en approuvant ce que disaient les autres qu’en avançant des idées particulières. Le violoncelle était un