LETTRE VI
Mon cher ami,
e finis mon histoire. Haydn, une fois
entré dans la maison Esterhazy, mis à
la tête d’un grand orchestre, attaché
au service d’un patron immensément riche,
et passionné pour la musique, se trouvait
dans cette réunion de circonstances, trop
rares pour nos plaisirs, qui permettent
à un grand génie de prendre tout son essor.
De ce moment, sa vie fut uniforme et
remplie par le travail. Il se levait le matin
de bonne heure, s’habillait très proprement,
se mettait à une petite table à côté de son
piano, et ordinairement l’heure du dîner
l’y retrouvait encore. Le soir, il allait aux
répétitions, ou à l’opéra, qui avait lieu
au palais du prince quatre fois par semaine.
Quelquefois, mais rarement, il donnait
une matinée à la chasse. Le peu de temps
qui lui restait les jours ordinaires était
partagé entre ses amis et mademoiselle
Boselli. Telle fut sa vie pendant plus de