Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait donné à Métastase un goût sûr dans tous les arts : il aimait la musique avec passion, la savait très-bien ; et cette âme, souverainement harmonique, goûta les talents du jeune Allemand. Métastase, en dînant tous les jours avec Haydn, lui donnait les règles générales des beaux-arts, et, chemin faisant, lui apprenait l’italien.

Cette lutte contre la misère, première compagne de presque tous les artistes qui se sont fait un nom, dura pour Haydn six longues années. Qu’un grand seigneur riche l’eût déterré alors, et l’eût fait voyager deux ans en Italie, avec une pension de cent louis, rien n’eût peut-être manqué à son talent : mais, moins heureux que Métastase, il n’eut pas son Gravina. Enfin il trouva à se caser, et quitta, en 1758, la maison Martinez, pour entrer au service du comte de Mortzin.

Ce comte donnait des soirées de musique, et avait un orchestre à lui. Le hasard amena le vieux prince Antoine Esterhazy, amateur passionné, à un de ces concerts, qui commençait justement par une symphonie de Haydn (c’était celle en d la sol , temps 3/4). Le prince fut tellement charmé de ce morceau, qu’il pria sur-le-champ le comte de Mortzin de lui céder Haydn, dont il voulait faire le directeur