Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous écrire du collège une lettre disant quelque chose, vous envoyait une collection de grands O ou des F qu’on fait faire aux enfants pour leur montrer à écrire.

Les joueurs d’instruments sont des gens qui apprennent à bien prononcer les mots d’une langue, à en bien faire sentir les longues et les brèves, mais qui, chemin faisant, oublient le sens de ces mots ; sans cela un joueur de flûte, au lieu d’enfiler des difficultés insignifiantes, et de faire des points d’orgue d’un quart d’heure, prendrait un air vif et chantant, tel que

Quattro baj e sei morelli,

de Cimarosa, le gâterait, et le varierait avec autant de difficultés qu’il voudrait ; et au moins il ne nous ennuierait qu’à moitié. Si jamais il revenait au bon sens, il nous ferait pleurer en jouant, sans y rien changer, quelque bel air triste et tendre, ou nous électriserait avec la belle valse de la reine de Prusse.

Quant à moi, je suis réellement assommé de trois concertos entendus dans la même soirée. J’ai besoin d’une forte distraction, et je m’impose la loi de ne pas me coucher avant de vous avoir achevé l’histoire de la jeunesse de Haydn.

Moins précoce que Mozart, qui, à treize