LETTRE IV
a foi, mon aimable Louis, il me semble
que je n’aime plus la musique. Je
sors d’un concert que l’on a donné
pour l’inauguration de la jolie salle de
Bade. Vous savez que j’ai fait mes preuves
en fait de patience : je me suis fait à l’ennui
d’assister régulièrement aux séances
d’une assemblée délibérante ; j’ai supporté,
au milieu des sociétés les plus aimables,
l’amitié dont m’honorait, pour mes péchés,
un homme puissant et sans esprit, un
peu de votre connaissance ; mais j’avoue
que depuis que j’entends de la musique,
je n’ai pu encore me faire à l’ennui des
concertos : c’est pour moi le dernier des
supplices, comme il me semble que la première
des niaiseries est de venir montrer
au public les exercices auxquels on doit
se livrer pour lui plaire, dont on doit lui
offrir les résultats, mais qu’il est cruel de
lui faire essuyer en nature. Cela me semble
aussi spirituel que si votre fils, au lieu de