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LETTRE IV

Bade, 20 juin 1808.


Ma foi, mon aimable Louis, il me semble que je n’aime plus la musique. Je sors d’un concert que l’on a donné pour l’inauguration de la jolie salle de Bade. Vous savez que j’ai fait mes preuves en fait de patience : je me suis fait à l’ennui d’assister régulièrement aux séances d’une assemblée délibérante ; j’ai supporté, au milieu des sociétés les plus aimables, l’amitié dont m’honorait, pour mes péchés, un homme puissant et sans esprit, un peu de votre connaissance ; mais j’avoue que depuis que j’entends de la musique, je n’ai pu encore me faire à l’ennui des concertos : c’est pour moi le dernier des supplices, comme il me semble que la première des niaiseries est de venir montrer au public les exercices auxquels on doit se livrer pour lui plaire, dont on doit lui offrir les résultats, mais qu’il est cruel de lui faire essuyer en nature. Cela me semble aussi spirituel que si votre fils, au lieu de