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Ce fut, je crois, Lulli qui inventa ces symphonies que nous appelons ouvertures ; mais même dans les symphonies, dès que le morceau fugué[1] cessait, on sentait la monarchie.

La partie du violon contenait tout le chant, et les autres instruments servaient d’accompagnement, comme dans la musique vocale ils en servent encore au soprano, au ténor, au contralto, auxquels seuls on confie la pensée musicale ou là mélodie.

  1. La fugue est une espèce de musique où l’on traite, suivant certaines règles, un chant appelé sujet, en le faisant passer successivement et alternativement d’une partie à l’autre. Tout le monde connaît le canon de

    Frère Jacques, dormez-vous ?
    Sonnez les matines.

    C’est une espèce de fugue. Les fugues, en général, rendent la musique plus bruyante qu’agréable ; c’est pourquoi elles conviennent mieux dans les chœurs que partout ailleurs ; or, comme leur principal mérite est de fixer toujours l’oreille sur le chant principal, ou sujet, qu’on fait pour cela passer incessamment de partie en partie, le compositeur doit mettre tous ses soins à rendre toujours ce chant bien distinct, et à empêcher qu’il ne soit étouffé ou confondu parmi les autres parties.
    Le plaisir que donne cette espèce de composition étant toujours médiocre, on peut dire qu’une belle fugue est l’ingrat chef-d’œuvre d’un bon harmoniste. (Rousseau, I, 407.)
    Tout le monde a entendu Dusseck jouer sur le piano les variations de Marlbrough, ou de l’air Charmante Gabrielle. Dans ce pauvre genre de musique, l’air primitif, que l’on gâte avec tant de prétention, est ce qu’on appelle le thème, le sujet, le motif. C’est le sens dans lequel ces mots sont employés ici.