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leur mérite militaire. J’ai trouvé parmi eux beaucoup de naturel dans les manières, une raison simple et profonde, et nulle jactance. Tout cela n’était pas en 1750.

Voilà donc un changement bien réel dans les habitants de l’Italie. Ce changement n’a pas encore eu le temps d’influer sur les arts. Les peuples de l’ancien royaume d’Italie n’ont pas encore joui de ces longs intervalles de repos, pendant lesquels les nations demandent des sensations aux beaux-arts.

Je suis très-content de remarquer depuis plusieurs années, en Lombardie, une chose qui ne plaît pas également à tous nos compatriotes : je veux dire un peu d’éloignement pour la France. Alfieri a commencé ce mouvement, qui a été fortifié par les vingt ou trente millions que le budget du royaume d’Italie payait chaque année à l’empire français.

Un jeune homme fougueux qui entre dans la carrière, brûlant de se distinguer, est importuné par l’admiration à laquelle le forcent ceux qui l’ont précédé dans cette même carrière, et qui y ont reçu les premières places des mains de la victoire. Si les Italiens nous admiraient davantage, ils nous ressembleraient moins dans nos qualités brillantes. Je ne serais pas trop surpris qu’ils sentissent aujourd’hui qu’il