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du Tancrède de ce dernier, qu’on dit fort jeune, m’a pourtant fait un vif plaisir. J’en ai toujours à entendre certain duo de Farinelli, qui commence par

No, non v’amo,

et que, sur plusieurs théâtres, on ajoute au second acte du Mariage secret.

Je vous avouerai, mon aimable Louis, que depuis que je vous écrivais en 1809, de ma retraite de Salzbourg, je n’ai pu encore parvenir à m’expliquer d’une manière satisfaisante le peu d’empressement que l’on montre en Italie pour Pergolèse et les grands maîtres ses contemporains. C’est à peu près aussi singulier que si nous préférions nos petits écrivains actuels aux Racine et aux Molière. Je vois bien que Pergolèse est né avant que la musique eût atteint, dans toutes ses branches, une entière perfection : le genre instrumental a fait, depuis sa mort apparemment, tout le chemin qu’il lui est donné de faire ; mais le clair-obscur a fait des progrès immenses après Raphaël, et Raphaël n’en est pas moins resté le premier peintre du monde.

Montesquieu dit fort bien : « Si le ciel donnait un jour aux hommes les yeux perçants de l’aigle, qui doute que les règles de l’architecture ne changeassent sur-le-champ ?