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ment, mais parce qu’ils étaient inutiles à la production. Cependant les moines ne peuvent pas être tout à fait comparés à nos ravissants Napolitains ; mais aussi ils étaient en bien plus grand nombre.

Il ne faut qu’avoir une âme pour sentir que l’Italie est le pays du beau dans tous les genres. Ce n’est pas à vous qu’il faut prouver cela, mon ami ; mais mille choses de détail semblent y favoriser particulièrement la musique. La chaleur extrême, suivie, le soir, d’une fraîcheur qui rend tous les êtres respirants heureux, fait, de l’heure où l’on va au spectacle, le moment le plus agréable de la journée. Ce moment est, à peu près partout, entre neuf et dix heures du soir, c’est-à-dire quatre heures au moins après le dîner.

On écoute la musique dans une obscurité favorable. Excepté les jours de fête, le théâtre de la Scala, de Milan, plus grand que l’Opéra de Paris, n’est éclairé que par les lumières de la rampe ; enfin on est parfaitement à son aise dans des loges obscures, qui sont de petits boudoirs.

Je croirais volontiers qu’il faut une certaine langueur pour bien jouir de la musique vocale. Il est de fait qu’un mois de séjour à Rome change l’allure du Français le plus sémillant. Il ne marche plus avec la rapidité qu’il avait les pre-