Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

limites de la production. Il exprime souvent le vœu de voir les gouvernements cesser de donner au mariage des encouragements dont il n’aura jamais besoin. Créez un produit, montrez une nouvelle terre, une nouvelle industrie, et vous verrez des mariages et des enfants ; formez des mariages sans cela, vous aurez des enfants ; mais ils ne croîtront pas, ou mettront obstacle à la naissance d’autres enfants.

Le nombre des mariages est toujours, lorsque la raison s’en mêle, en harmonie avec les moyens d’élever une famille. Dans des villages de Hollande que le docteur Malthus a observés, un homme meurt, voilà un héritage, des capitaux vacants, une industrie dont on peut s’emparer ; vous voyez sur-le-champ un mariage ; pas de mort, pas d’hymen. Les plus terribles causes de mortalité, la peste, la guerre, une famine passagère, ne dépeuplent pas pour longtemps une contrée où l'industrie et la fertilité sont dans un état croissant.

Sans entrer dans une dissertation savante et dans de beaux calculs, je dirai, avec M. Malthus, que si les moines, à qui les philosophes doivent tant de reconnaissance pour leur avoir fourni de si vastes sujets de déclamation ; si les moines nuisaient à la population, ce n’est point parce qu’ils n’y participaient pas directe-