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bouffe dans toute sa perfection. Il fallait la voir dans la Dama soldato, dans Ser Marc’ Antonio, dans le Ciabattino. Un être vif, plus sémillant, plus pétillant d’esprit, plus gai, plus enflammé, ne renaîtra jamais pour les menus plaisirs des gens d’esprit. Madame Gaforini était, pour la Lombardie, ce que madame Barilli était pour Paris : on ne remplacera pas plus l’une que l’autre. Le caractère des peuples vous fait présumer que, sous beaucoup de rapports, madame Gaforini devait être le contraire de madame Barilli, et vous présumez bien.

J’ai entendu, il y a trois mois, une très belle voix au conservatoire de Milan. J’entendais mes voisins se dire : « N’est-il pas bien ridicule qu’on laisse tel excellent bouffe, plein d’âme et de feu, végéter dans un coin de Milan, et qu’on ne le fasse pas professeur au Conservatoire, pour qu’il anime cette belle statue ? » Je ne me souviens pas du nom de la statue.

Les gens qui reviennent de Naples font le plus grand éloge du bouffon Casacieli. J’ai aussi entendu vanter madame Paër et le tenor Marzochi[1]. Voilà, mon ami,

  1. Il y a ici une omission assez étendue. L’auteur, au lieu de faire connaître ses jugements ténébreux sur des compositeurs très estimables, quoique peut-être entraînés, par la mode, dans une fausse route, va rappeler les faits relatifs à chacun d’eux.