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violon[1], et, en général, que la voix exécute des morceaux lents. Actuellement les belles voix se sauvent dans les récitatifs : c’est dans ces morceaux-là que madame Catalani et Velluti sont le plus beaux. C’est ainsi qu’on chantait, il y a quatre-vingts ans, les cantates à la mode alors : aujourd’hui on exécute, au galop, une polonaise ; vient ensuite un grand air, pendant lequel les instruments luttent de force avec la voix, ou ne se taisent un instant que pour les points d’orgue, et pour permettre au chanteur de faire des roulades éternelles : et tout cela s’appelle un opéra ; et tout cela amuse un quart d’heure ; et tout cela n’a jamais fait verser une larme.

Les meilleures cantatrices que j’aie entendues en Italie (remarquez, pour l’acquit de ma conscience, que les plus grands talents peuvent avoir eu le malheur de ne jamais chanter devant moi) ; les meilleures cantatrices donc que j’aie entendues dans ces derniers temps, ce sont mademoiselle Eiser et les demoiselles Monbelli.

  1. Paganini, Génois, est, ce me semble, le premier violon de l’Italie ; il a une douceur extrême ; il joue des concertos aussi insignifiants que ceux qui font bâiller à Paris, mais il a toujours pour lui la douceur. J’aime surtout à lui entendre jouer des variations sur la quatrième corde. Au reste, ce Génois a trente-deux ans : peut-être qu’il jouera mieux que des concertos avec le temps ; peut-être qu’il aura le bon sens de comprendre qu’il vaut mieux jouer un bel air de Mozart.