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il commença, pour l’amour du grec, par changer son nom de Trapassi en celui de Métastase ; il l’adopta, donna les plus grands soins à son éducation, qui, par hasard, fut excellente, et enfin lui laissa de la fortune.

Métastase avait vingt-six ans lorsque son premier opéra, la Didone, fut joué à Naples en 1724. Il l’avait composé d’après les conseils de la belle Marianne Romanina, qui chanta supérieurement le rôle de Didone, parce qu’elle aimait passionnément le poëte ; il paraît que cet attachement dura. Métastase, intime ami du mari de Marianne, vécut plusieurs années dans cette maison, se laissant charmer par la douce musique, et étudiant sans relâche les poëtes grecs.

En 1729, l’empereur Charles VI, ce grand musicien qui ne riait jamais, et qui, dans sa jeunesse, avait joué un si pauvre rôle en Espagne, l’appela à Vienne pour être le poëte de son opéra. Il hésita un peu, mais partit.

Métastase ne sortit plus de Vienne ; il y parvint à une extrême vieillesse, au milieu d’une volupté délicate et noble, n’ayant d’autre soin que d’exprimer, dans de beaux vers, les sentiments qui animaient sa belle âme. Le docteur Burney, qui le vit à soixante-douze ans, le trouva encore le