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ment exclus de ces pièces, parce que aucune femme ne veut jouer un rôle odieux. Je ne puis employer que cinq personnages, par la très-bonne raison que donnait un certain gouverneur de château, qu’il ne faut pas cacher ses supérieurs dans la foule[1]. La durée de la représentation, les changements de scènes, les airs, et presque le nombre des mots, tout est limité. Dites-moi s’il n’y aurait pas de quoi faire devenir fou l’homme le plus patient ! Imaginez donc l’effet de tout cela sur moi, qui suis le grand prêtre de tous les maux de cette vallée de misère. »

Ce qu’il y a de plaisant, et qui prouve que le hasard entre dans tout, même dans les jugements de cette postérité dont on nous fait tant de peur, c’est qu’on ait cru faire une espèce de grâce à un tel homme en l’admettant uau rang du froid amant de Laure, duquel il nous reste une cinquantaine de sonnets, à la vérité, pleins de douceur.

Métastase, né à Rome en 1698, était déjà, à dix ans, un improvisateur célèbre. Un riche avocat romain, nommé Gravina, qui faisait de mauvaises tragédies pour se désennuyer, fut charmé de cet enfant :

  1. Ces opéras étaient joués par les archiducs et archiduchesses.