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Enfin ce grand poëte lyrique, pour produire tant de miracles, n’a pu se servir que d’un septième, environ, des mots de la langue italienne. Elle en a quarante-quatre mille selon un moderne lexicographe, qui a pris la peine de les compter, et la langue de l’opéra n’en admet que six ou sept mille au plus.

Voici ce que, sur ses vieux jours, Métastase écrivait à un de ses amis :

« Il se trouve, pour mes péchés, que les rôles de femmes del Rè pastore ont tellement plu à Sa Majesté, qu’elle m’a ordonné de faire, pour le mois de mai prochain, une autre pièce du même genre. Dans l’état où est ma pauvre tête, par la tension constante de mes nerfs, c’est une terrible tâche que d’avoir affaire à ces friponnes de Muses. Mais mon travail est mille fois plus désagréable encore par toutes les gênes qu’on m’impose. D’abord il ne peut être question de sujets grecs ou romains, parce que nos chastes nymphes ne veulent pas de ces costumes indécents. Je suis obligé d’avoir recours à l’histoire de l’Orient, pour que les femmes qui jouent les rôles d’hommes puissent être dûment enveloppées, de la tête aux pieds, dans les draperies asiatiques. Les contrastes entre le vice et la vertu sont nécessaire-